mercredi 3 décembre 2008

Toi ma vieille amie…




La nuit était tombée, et avec elle la solitude et l’oubli.
Sournoise, elle ne laissait aucune place au doute.

Le soleil qui avait illuminé et chauffé la maison tout l’après-midi, avait disparu faisant désormais place à l’obscurité et à la froidure.
Assise dans le canapé blanc, elle alluma la lampe de la salle. La pale lueur de celle-ci, ajouta une note d’amertume.

Elle alluma le feu et se réfugia au pied de la cheminée de cette maison devenue trop grande, et désormais remplie de leur absence.
Elle avait allumé le feu plus par réconfort, que par nécessité.
Ce feu si chaud, si doux qu’elle ne partageait plus.

Puis sur une vieille chaise en bois, elle se posa, et attendit…
Mais qu’attendait-elle, dans son pyjama de flanelle.
Elle n’attendait rien, plus rien, depuis qu’elle s’était retrouvé seule au bord d’une route ensoleillée, un après midi d’été.
Pourtant, elle avait fait le ménage, comme dans l’attente d’une visite. Cette visite qui ne venait pas, qui viendrait peut-être jamais.
Soudain, tout lui revenait, tout se précipitait, un torrent de souvenirs la submergea. Elle n’entendrait plus ses rires, couchée dans la pelouse, elle ne verrait plus ses grands yeux bleus surpris et amusés de cueillir les framboises. Elle ne sentirait plus son regard serein posé sur elles, se délectant de leur complicité fruitière.

Alors, le flot insensé de ses pensées reprit de plus bel et revint l’envahir, martelant au fond de son crâne, au rythme du crépitement du feu et du roulement de la machine à laver.
Le chaos cérébral et infernal reprit sa cadence effrénée. Elle le laissait faire. C’était peine perdue d’aller à son encontre, elle avait bien comprit son manège pour l’avoir usé la semaine précédente.

Elle mit la tête entre ses mains, inspira profondément, se laissant bercer par le balancement de son corps aux abois et de ses pleurs.
Elle pleurait, comme un signe du destin !
Le mal sortait, quittant son pauvre corps meurtri par tant de douleurs et d’incompréhension.

Le passé s’écoulait chaud et salé sur ses lèvres,
Un courant d’air effleura sa joue.
Elle eut un sourire, comme une promesse de beaux après-midis ensoleillés.
Un jour, cette vieille amie quitterait sa maison.

1 commentaire:

Seb! a dit…

Que de tristesse humide et salée s'écoulant de ces mots sur l'histoire acançant petit à petit vers un espoir ensoleillé... très joli ;-)