jeudi 25 juin 2009

Individualisme

Cliquez sur la photo ou sur le nom de l'artiste pour découvrir ses merveilles, merci à Youry Bilak !

Je me souviens du fond de la mine.
Je me souviens, lorsque j'étais jeune, je poussais mon wagon toute la journée, ou était-ce toute la nuit ? Je ne sais plus, je vivais dans le noir.

Je me souviens de mon wagon.
Je me souviens que je le poussais avec amour et joie ; parce que mon wagon allait chauffer de nombreux foyers, éclairer les âmes au coin du feu. Mon wagon, comme bien d'autres, apportait la joie dans les maisons.

Je me souviens de mes jeunes bras enthousiastes.
Je me souviens qu'ils ne perdaient pas de vue les plus fragiles et qu'ils les aidaient dans les durs moments. Ils poussaient les wagons des bras fatigués, ils poussaient toujours dans l'amour et la joie.

Je me souviens du jour où mes bras se sont fatigués.
Je me souviens de mon wagon devenu trop lourd. Le regard perdu dans ce noir, l'amour et la joie me quittaient et je ne voyais personne pour m'aider à pousser ce fichu wagon.

Aujourd'hui, mes bras ne poussent plus et je pleurs.
Aujourd'hui, je pleurs l'indifférence qui me plonge dans le noir.
Je pleurs l'individualisme, cette mine béante et sans fond...

6 commentaires:

Anonyme a dit…

la vie est un wagon que l'on pousse... vers quoi? pour qui? combien de temps?
Je cherche la lumière, celle de l'intérieur qui va me guider moi et mon wagon...
Une pierre qu'il faut sans cesse lever, un rocher à rouler, un wagon à pousser... quelle poisse la vie!
bises et tendresses multiples

Pop ! a dit…

Je pense à mes grands pères en lisant ce texte, le premier était mineur, le second ouvrier dans la sidérurgie...
Le noir, les coups de grisou, la descente au fond, là où je suis née, on connaît; les mines sont partout, dans le paysage à l'état de ruines sinistres; sous nos pieds, elles fissurent insidieusement les maisons à certains endroits et rendent insalubres certains terrains... le sol travaille et on ne sait jamais ce qu'il trame sous nos pieds pour se venger de l'avidité des hommes aux semelles de plomb qui l'ont pillé... c'est un monde instable et imprévisible.

Nous avons tous nos puits de mine et nos lieux de sape où la terre s'ouvre pour nous précipiter dans les ténèbres... ce que les miens m'ont appris, c'est que plus on tombe bas, plus on apprend à développer la force d'espérer la lumière et de remonter vers elle. J'allume ma lampe frontale et je pars à ta recherche dans les galeries de l'obscurité. Le ciel existe tjs là-haut, qq part...

Pop! a dit…

Je viens d'aller voir le site du photographe ukrainien. J'aime beaucoup son travail, sa rubrique sur les sourires en particulier. :)

un ange passe a dit…

la rubrique des sourires m'a également beaucoup plu, je voulais même la mettre à l'honneur !
J'ai écrit ce texte comme ça, en regardant un ami, les autres, la vie, ma vie, et ces moments où l'on aimerait être épauler et que l'on continue seul malgré la peine, qui ne l'a pas connu !
Si les gens comprenaient qu'à plusieurs on est plus fort dans tous les sens que le terme puisse offrir, l'humanité serait plus stable et belle !

Seb! a dit…

wooouuuuuuf... la claque...
belle et triste histoire métaphorique bien illustrée...
chapeau noir et chapeau bas ;-)

un ange passe a dit…

merci grand brun aux semelles de vent ;-)