mercredi 25 février 2009

L'ange s'est envolé...


Parce que l'état de grâce s'est effeuillé,
Qu'en moi, je ne puis trouver la paix,
Je pars sous d'autres latitudes,
Prier et me retrouver.
Je vous laisse ma douceur et,
Vous confie ce que j'ai de plus beau,
Un certain regard.


Merci pour vos présences qui parfois apaisent mes tourments.
Prenez soin de vous.

mardi 24 février 2009

Faits divers

"Oh ! Vous savez c'était une fille discrète et sans histoire. C'est triste, une si gentille fille !"...

Cette nuit là, quelqu'un s'était infiltré chez elle.
Paisiblement endormie, nue dans la douceur de ses draps en polaire, elle avait entendu du bruit. Elle pensait avoir rêver, il y a toujours tellement de bruits bizarres dans ces vieilles maisons !
Mais pour s'en assurer, elle alla dans la salle de bain, et constata que le portail était ouvert... Elle resta pétrifiée, se demandant si elle l'avait mal fermé ou si dans la pire des hypothèses, quelqu'un était entré.

Elle rassembla ce qu'il lui restait de courage.
Ses jambes vacillaient, la descente des escaliers lui parut interminable, une descente aux odeurs de souffre.
Elle n'y voyait rien, pourtant elle sentait sa présence.
La gorge serrée, asséchée par l'effroi qui l'envahissait, elle savait qu'elle ne pourrait crier, qu'elle ne pourrait pas même prononcer un mot pour arrêter l'intrus. Et quand bien même à quoi bon crier, dans cette campagne inhabitée. Son cœur battait à tout rompre, elle avait le sentiment que l'autre l'entendait.

Elle entrouvrit les rideaux de la cuisine. Il était là et l'attendait serein.
Cagoulé et vêtu de noir, ses yeux de braise semblaient briller dans la pénombre. Son imposante stature la fit vaciller. Un corps parfait. Mille questions lui venaient à l'esprit.
Dans le plus grand calme et la plus grande douceur, il s'approcha d'elle. Elle écarquilla ses yeux d'horreur, voulut crier mais pas un son ne sortit, l'effroi la paralysait. Ses pas ne faisaient pas de bruit, elle ne percevait pas même le frottement d'un vêtement, il se déplaçait tel un félin.
Il allait et venait autour d'elle, l'effleurait comme un prédateur rôde autour de sa proie. Il sentait les moindres frémissements de sa peau, il humait les plus intimes effluves qui trahissaient sa terreur.
Tout d'un coup, d'un geste d'une extrême précision, il la saisit par le cou, plaqua son corps contre le sien, de manière à ce qu'elle ne puisse plus bouger. Pétrifiée, elle n'offrit aucune résistance.
Il ne bougeait pas, se délectant du doux contact. Elle n'avait eu le temps d'enfiler qu'une chemise légère. Sa sueur se mêlait aux restes de son parfum délicat, qu'il avait eu l'occasion de sentir quelques jours auparavant, dans une bousculade au coin de la rue des Vignes.
L'instant lui sembla magique et éternel.
Ainsi calés, elle sentit son souffle chaud envelopper la naissance de sa nuque et le froid du canon sur sa tempe...

Son cœur cessa de battre, son esprit ivre de panique plongea dans une troublante quiétude.
Elle allait mourir.

Paisiblement, l'homme enleva le cran de sécurité, la balle monta dans le chargeur. L'imposant silence lui paraissait à la fois irréel et cérémonieux.
Le clic du chargeur qui libère la balle dans le silence de la cuisine, le froid de la maison, la chaleur de son corps, sa terreur, paradoxalement l'apaisèrent.
Elle sentit son corps se tendre, il appuya sur la détente...

Une brutale détonation.
Une atroce douleur irradia le côté de gauche de son crâne, elle tomba.
Elle sentit son sang couler, ce liquide chaud et visqueux.
Sensation agréable, celle d'une vie quittant un corps tout en douceur.
Avec la délicatesse d'un amant, il cueillit ce corps qui lui avait procuré tous les plaisirs de la terreur.
Il la coucha dans ses draps, et referma le portail.

lundi 23 février 2009

Embuscade

Nouvelle journée de violence.
Aux petites heures du matin, je savais que le combat allait faire rage, redoutable et sans pitié.
La grisaille et la pluie battante présageaient de longues heures d'attente, aux aguets.
Sur les fronts temporaux, la défaite semblait imminente.

Dernier replis...

Je trouvais refuge dans une matrice artificielle.
Immergée dans ses eaux chaudes et lactées, j'attendais, toujours sur mes gardes.
Je me laissais distraire par de subtiles vapeurs amandées. Dans la pénombre, je découvris d'éclatantes mousses aux mille bulles. Je ne pouvais me résoudre à détruire cette clinquante délicatesse. Étincelantes telles des diamants, leurs prismes détournaient ma vigilance et m'éloignaient de mes sinistres, intrusives et assassines sentences.
Rester vigilante, l'ennemi ne doit pas survenir.

Du bruit !
Je glisse la tête dans l'eau. Les bulles d'air, cramponnées aux racines de ma chevelures en bataille, déserrèrent leur prise et glissèrent le long de mon crane. Puis un bruit, seules les glissades aériennes donnèrent un semblant de vie à la surface de l'eau.

Je m'enfonce un peu plus dans le plaisir.
Plus un bruit.
Mon cerveau aux aguets se tait.
Plus un bruit.
Mon flux sanguin encore agité, prend la mesure du calme ambiant.
Mon cœur ralentit. Mon cortex s'allège.
A chaque inspire, mon corps s'emplit de calme.
A chaque expire, mon esprit exulte.

dimanche 22 février 2009

Dies irae


Avertissement aux lecteurs

Les deux textes qui suivent, sont une expression de colère de mon être.
Dans notre société, aujourd'hui, il devient difficile d'exprimer ses sentiments qu'ils soient nobles ou non, au risque d'être pris pour fou ou mieux encore pour dépressif (question de mode).
La démonstration de la colère est vile, réprimée et passible de suivi thérapeutique. Alors puisque je ne peux le faire de vive voix, je le ferais à demi mots...


On me reproche des amours adultères...
Mais nous ne sommes jamais seuls à faire l'amour et l'autre...
A chacun ses responsabilités, les miennes vont bien.
Qui peut prétendre Aimer dans l'Amour vrai, celui que l'on nous enseigne, celui de Dieu ?
A mon grand damne, j'avoue ne voir que le mal, mais je n'ai jamais eu la chance de voir, l'Amour.
Ce que j'en ai vu fini toujours par se faner, par s'enivrer, par se déchirer, par se violenter.
Il n'est pas d'Amour vrai, seulement dans le Livre...

L'amour est violent.
L'amour est cupide.
L'amour est vénal.
L'amour est mensonge.
L'amour est trahison.
L'amour est déchirure.
L'amour est souffrance.

L'abjecte charogne qu'est ma Solitude me gracie de ces souffrances.
La sienne est comme du miel conféré à celle de Cupidon.
Le courroux me dévore. Je vois l'Amour se décharner et me demande si un jour IL retrouvera sa noblesse.

Malgré cette colère, parfois j'ose Espérer qu'un être merveilleux croisera ce chemin entaché que je foule depuis tant d'années.
Un ange que l'Amour aura blessé et qui comme moi voudra l'adoucir.
Nous, les écorchés...

samedi 21 février 2009

Comme une seconde peau, un lourd manteau,
Toi, ma plus fidèle ennemie.
Ton étouffante compagnie me lasse.
Il n'est pas un jour qui passe,
Sans que mon esprit ne succombe.

A quoi bon m'enserrer de ta vicieuse caresse.
Ton essence est une entrave à ma raison,
Écho de mon insidieuse mélancolie.

Je perçois parfois ta puanteur suinter à chacun de mes pas,
Si proche, abjecte charogne.
Fantôme d'une vie oubliée, perdue dans les méandres d'un cerveau prisonnier du souvenir.

Il me semble déambuler dans un désert gris,
Où arbres morts et autres reliques, se posent en gardien de mon absence.
Impalpables, ils s'évaporent, lorsque je m'approche,
M'obligeant à déployer mon errance.

De désespoir en force, telle une impie,
Mon âme se heurte, et s'écorche.
Oubliée de mes pairs, j'erre.
Affrontant le néant, qui peut prétendre vaincre.
Mal armée, désarmée, je crains la chute.
Mon visage déjà s'efface,
Invisible, en silence, s'évanouit.

jeudi 19 février 2009

Écoutez ! ce silence...

Le silence est d'or,
D'or, dans une symphonie de notes, dans une symphonie de mots.

Un silence, c'est ce paysage enneigé, où un cœur battant la chamade se fait discret.
Un silence, c'est un corps qui respire, qui vit, sans faire de bruit.
Un silence, c'est un mot trop dur que l'on tait pour moins de peine.
Un silence, c'est une douce pensée qui s'envole vers cet autre qui voyage dans son esprit.
Un silence, c'est un mot qui manque pour exprimer son amour.
Un silence, c'est un "je t'aime" que l'on n'ose pas dire.


Un monde de silence

[ Roberto Mendez ]

Je remercie chaleureusement M. Mendez de m'avoir accordé la permission d'afficher ce tableau, afin d'illustrer mon texte. Je l'avais écrit quelques jours auparavant et ne trouvais pas de silence à photographier, peut-être parce que le silence, ça ne se photographie pas. "Un monde de silence" l' illustre parfaitement, puisque il n' y a jamais qu'un silence mais tout un monde.
Je remercie également Émilie pour avoir été l'élan de cette rencontre.
Vous pourrez retrouver l'œuvre de M. Mendez en cliquant sur le tableau.
J'espère que vous serez enchantés, comme je le fus en le découvrant.

mardi 17 février 2009


Si mon cœur a livré son secret, il n'en est plus heureux.
Je le crois fatigué...
Alors, à sa place, mes yeux parleront d'amour.


Elle prend toutes les formes, cristalline, fine, drue, glaciale, tropicale.
Déguisée en océan, en mer, en lac, en rivière,
en modeste ru ou terrible torrent,
Elle tombe, fond, inonde, se déchaine...


Plus qu'un trésor, Source de vie,
Elle est la plus belle chose au monde.
Mes yeux amoureux la guettent, comme un jeu, une devinette.
Le matin, aux petites heures, elle est la plus belle.
Jouant à cache-cache, je la cherche


Cachettes insensées, lovée au coeur des jonquilles naissantes,
En équilibre au bout d'une herbe.
Mon cœur s'émerveille et retrouve sa paix.

samedi 14 février 2009

En cette sacrosainte journée de la Saint Valentin,
Je n'ai pas de flamme à déclarer !
L'Amour est en congé !

Mais !
Devons-nous seulement déclarer une idylle qui à court ?!
Est-ce que les amours platoniques et chimériques ne trouveraient pas une petite place en ce jour ?!
Alors !
Il est un être délicieux et charmant, simple et beau, aux multiples facettes, aux multiples talents. Son sourire, son enchantement me transportent. De bonne compagnie certains jours, il se promène parfois dans mes rêves.
A toi, bel homme, j'ouvre mon cœur.
Puisses-tu croiser mon chemin virtuel en ce jour.
Puisses-tu te délecter de ma délicatesse, t'abreuver à la source de ma tendresse.
Mon affectueuse pensée t'enveloppera pour ces quelques heures et au-delà.

Mais je ne peux laisser le Monde en reste.
Ma pensée ira le couvrir de douceur.
Puisse cette journée calmer les déchirements dont il souffre.
A tous, que l'Amour soit avec vous.

Une rose pour son coeur [ventricule droit]

... Alors que son regard était perdu dans le champ coloré et odorant de la petite marchande de fleurs, une voix l'interpella. Soudain expulsée de sa rêverie avec un sentiment de soulagement mêlé de surprise ; le nuage s'était estompé mais un trouble s'installait. La voix se fit de nouveau entendre :
"- Pourquoi es-tu si triste ?"
Définitivement exclue de sa sinistre pensée, elle regarda autour d'elle. Elle ne voyait personne qui puisse lui adresser la parole. De nouveau, elle entendit cette si petite voix venue des fleurs, puis se pencha vers elles et une petite rose blanche, seule dans un pot, lui fit "pssssit !".
Surprise, elle se crut folle, une fleur lui parlait !
"- Pourquoi es-tu si triste ?", lui redit la rose.
Alors, plus très sure de ses sens et encore moins de ses facultés, elle lui répondit :
"- Aujourd'hui, c'est la fête de l'Amour et je n'ai pas d'amoureux, je n'aurais pas cette joie qu'on les amoureux de partager un beau moment."

La petite rose perdit alors son beau sourire. Compatissante, elle la laissa quelques instants à ses pensées, à son errance visuelle qui flânait le long de l'étal coloré.
Puis se redressant sur sa tige, gonflant ses pétales, se faisant belle et dans un élan, elle lança :
"- Offre moi !"
- Quoi ! lui répondit la jeune femme.
- Offre moi ! Je suis sûre que tu connais quelqu'un à qui tu aimerais dire je t'aime.
Elle la regardait songeuse, ses pensée volaient vers ce jeune homme...
- S'il te plait, offre moi !, lui dit une nouvelle fois la petite rose
- Non, je n'ai pas d'amoureux, lui répondit la jeune femme, légèrement agacée par cette insistance et par la situation qui la chagrinait un peu plus.
- Alors, s'il te plait, ferme les yeux. Écoute ton cœur battre, écoute le te dire... ce que tu n'entends pas. Prends le temps d'écouter, lui dit la fleur.

La jeune femme s'exécuta, se sentant particulièrement ridicule et pensant que ses dernières facultés venaient de la quitter. Le doux parfum des fleurs accompagna son écoute. Les battements de son cœur avaient la régularité d'un métronome, l'afflux sanguin se synchronisait, tout à l'unisson.
Elle écoutait son cœur rythmer la vie qui allait et venait dans ses veines, qui investissait son corps à chaque battement. Elle écoutait mais il n'y avait rien plus qu'un cœur qui battait.
Elle ouvrit les yeux et regarda la rose avec désappointement.
- Écoute ton cœur, subtil et évanescent, lui dit doucement la rose.
De nouveau, elle ferma les yeux sur une larme qui perlait, elle n'était plus à ça prêt, se disait-elle, seule et ridicule !

Le battements, le flux, l'abandon eurent raison d'elle. Elle céda à toutes tensions. Emportée de nouveau par les parfums envoutants et délicats, et dans un calme profond, le rythme régulier de son cœur lui laissant entendre une douce mélodie. Il lui disait :
"- Je t'aime, je t'aime, je t'aime..."

Sa larme ne perlait plus, elle coulait le long de sa joue, non plus de tristesse, mais de joie. Elle en appela d'autres, un sourire vint s'accrocher aux gouttes de bonheur salé.
Émue, à demi mot, la jeune femme remercia la petite rose en la prenant avec délicatesse.
Elle entra dans la boutique et demanda à la petite marchande de fleurs, le plus bel emballage et paya.

Elle sortit avec un magnifique sourire, et s'offrit cette rose.

jeudi 12 février 2009

Une rose pour son coeur [ventricule gauche]

Elle aurait tant aimé lui écrire.
Mais... Mais elle avait peur de leur différence.
Lui son beau visage émacié, le regard souriant. Il paraissait fragile dans ce corps si fin. Mais il n'en était rien. Ses jambes effilées, aux pas décidés, savaient où elles allaient. Elles menaient ce corps taillé à la serpe sur la voie de son bonheur.
Elle toute en rondeur, un sourire accroché à ses lèvres, se laissait porter au grès des émotions, comme une bulle de savon porter par les vents de la vie.
A lui le verbe, à elle le geste.
Pourtant tous deux embrassaient la même sphère, le rêve. Pour être rêveur, ils l'étaient !
Lui rêveur idéaliste, elle rêveuse chimérique.

Elle souriait pourtant, sa douce pensée fut arrêtée ; dans son rêve il y avait une ombre pesante !
Une montagne noire, posée là, cœur de ses Contrées. L'imposant monticule, comme une entrave à la vie, lui imposait mille détours, suscitant bien des fatigues et des découragements.

à suivre...

mercredi 11 février 2009

une attente pour une autre


Voyager est un triple plaisir,
L'attente, l'éblouissement et le souvenir.

[ Ilka Chase ]

L'enfant attend impatient que le manège s'arrête. Dans quelques minutes, il pourra enfin s'envoler dans le vaisseau spatial, celui qui le fait tant rêver, celui qui le mènera dans les étoiles, les étoiles de son éblouissement. Un tourbillon de lumière, le vent sur son petit visage.
Durant quelques tours, il sera astronaute, fier de piloter son bel engin. Sa mère sourit de le voir si heureux, elle l'encourage à voler plus haut.
Il redescend, des étoiles plein les yeux.

Qu'il fut difficile d'attendre son tour... mais pour quel bonheur !

lundi 9 février 2009

Destinattion inconnue...

Aujourd'hui et pour quelques jours...
Les petites ailes du vent vont me porter
Vers un ailleurs que j'ignore.

Fermer les yeux, faire un vœu.
Istanbul, Oslo, Venise, Budapest !
Monter, et se laisser surprendre !
Du nord au sud, de l'est à l'ouest,
Elle est vaste ma surprise.

Qui sait où je dormirais ce soir !

samedi 7 février 2009

shuuut !

L'Ange et le Lotus [ ultime plume ]

Le jour suivant, il commença à prendre soin de la boue.
Avec une extrême précaution, il la mettait au soleil. Au plus fort de la journée, il la mettait à l'ombre et ainsi de suite. Il lui parlait, il briquait son pot. Il en oubliait tout le reste, la vie, les oiseaux, jusqu'à faire une totale abstraction de lui-même.
Les jours passèrent, puis les mois, les années, le pot ne donnait rien.
En lui même, il se disait que ce pot, c'était comme les graines... Rien ne pousse dans son jardin.
Assis sur les marches, il passait désormais ses journées à regarder le pot, et à regretter d'avoir consacrer tant de temps à de la boue ; temps qu'il aurait peut-être utiliser à fleurir son jardin autrement.
L'amertume et la tristesse l'avaient anéanti, lui le petit ange si joyeux.
Il voyait ses oiseaux se débattre dans les mauvaises herbes et son chagrin grandir, mais il était devenu incapable de surmonter une telle émotion.
Il était déçu et se débattait avec un sentiment d'abandon et de tromperie.

A ce moment, dans un grand fatras, il y eut un courant d'air si fort, qu'il souleva tout, une tempête à lui seul. Les oiseaux s'envolèrent affolés, le jardin sembla se soulever, les feuilles, les herbes, tout vola !
Il sortit de sa rêverie et aperçu l'impressionnant archange Gabriel.
Celui-ci constata la déconvenue et avec mansuétude, il consola l'ange dépourvu.

Dans un sanglot, l'ange lui dit :
"- Voyez que je ne suis qu'un piètre jardinier ! Voilà des années, que ce pot m' a été confié et constatez que nulle beauté n'a éclos ! Vous aviez confiance en moi et aujourd'hui, je vous déçois !
- Oh ! mais c'est ce que tu crois, parce que c'est ce que tu vois ! Tu ne me déçois pas, au contraire.
Sache que la beauté ne se voit pas toujours avec les yeux. Il est des beautés que l'on ne voit qu'avec le cœur ! Et je sais que tu as grand cœur, il te suffit de mieux regarder.
Si ta fleur n'a pas éclos, c'est qu'elle te savait très impatient, et ton impatience a affaibli ta foi. Tu désirais tellement la voir que tu en as oublié l'essentiel.
- L'essentiel ? Mais qu'est-ce que c'est ?
- L'essentiel, cher ange, c'est l'Amour !
L'amour de tes facultés, de tes dons, mais aussi de tes faiblesse et de tes défauts. L'Amour de Toi.
Lorsque je te demandait de traiter cette boue avec respect, je te demandais de te respecter toi-même. Lorsque je te demandais d'avoir de la compassion pour elle, je te demandais d'avoir de la compassion pour tes faiblesse et tes défaut, et enfin lorsque je te demandais de l'amour, je te demandais de te l'offrir à toi-même, lui confia Gabriel."

L'ange fondit en larmes, il suffisait de s' Aimer pour voir fleurir cette fleur ! Submergé par une lame de fond dévastatrice, il ne voulut plus regarder la vie. Il ferma ses ailes sur lui-même et resta ainsi le reste de la journée. Gabriel, sans un mot l'accompagna au travers de cet ouragan violent, car il savait ce que vivait l'ange.
Il fut patient et à la tombée du jour, il consola l'ange qui avait pleuré toute la journée.
"- Écoute-moi ange. Cette nuit, tu retrouveras la paix. Avant de dormir, aies une pensée pour toi. Penses à ce que tu as vécu, et tu comprendras, lui dit Gabriel."

Tourmenté qu'il était, l'ange ne pouvait dormir, et pensait à ces années d'errance et d'erreur.
Au matin, finalement épuisé, il s'assoupit. Gabriel attendit patiemment son réveil. Le premier rayon de soleil illuminait son visage, lorsque l'ange ouvrit les yeux.
L'ange eut un large sourire, ses yeux avaient le vert de son jardin, lumineux et profond à la fois.
Gabriel comprit alors, que l'ange avait vaincu une terrible nuit de tourment, et sortait victorieux de ses turpitudes.
L'amour coulait dans ses veines. La fleur avait fleuri.

jeudi 5 février 2009

L'Ange et le Lotus [ troisième plume ]

L'ange avait toujours le regard perdu dans son jardin à l'abandon.
Il écoutait Gabriel, désolé. Son corps, pourtant fraichement levé, semblait ployer sous le poids de ses douces paroles.
La désillusion s'était emparée de lui, tel un raz de marée envahissant des terres incertaines.
Mais pour ne pas avouer sa faiblesse, il répondit néanmoins à Gabriel.
"- Dans la vie tout est possible, du moment que l'on y croit !" dit-il en bredouillant

Gabriel, le regard confiant d'un père, eut un sourire approbateur.
Pleinement satisfait de la réponse, il lui tendit un large pot rempli de boue et en lui disant :
"- Tu viens de me prouver que dans ce jardin fleurira la plus belle des fleurs, aussi je te la confie. Prends bien soin de cette boue. Traite la toujours avec respect, compassion et amour, accepte son état et beauté elle deviendra."

Cette journée commençait drôlement. L'ange allait de surprise en surprise. Il accepta le pot, qu'il regarda non sans une certaine perplexité.
Ses mains se mirent à trembler. Un vertige le surprit. Un gouffre géant se formait dans son estomac. Pire encore, il lui sembla qu'une nuée de bombyx, sortie du fond de son âme, venaient lui tarauder tout son être.
Il avait de nouveau peur de le décevoir. Il avait peur de décevoir l'archange Gabriel, celui qu'il admirait tant, celui qui venait en ce bon matin, lui redonner sa chance, lui qui avait confiance.
Le sourire crispé, l'ange remercia l'archange pour sa bienveillance.
Sentant l'émotion envahir l'ange, Gabriel lui dit :
"- Tu es courageux, je sais que tu y arriveras, n'aies pas peur de me décevoir. La seule personne que tu pourras décevoir, n'est que toi-même !"
L'archange lui sourit en guise d'au revoir. Puis il prit son envol et l'ange le regarda s'éloigner, majestueux comme toujours.
Il reprenait la voie des airs, le laissant seul avec sa surprise et ses interrogations.
Il ne cessait de penser : comment de la boue, pouvait-elle se transformer en une remarquable fleur ?!
Il resta songeur le reste de la journée
...

mardi 3 février 2009

L'Ange et le Lotus [ deuxième plume ]

L'ange, désenchanté, regarda son jardin d'un air songeur. Il ne savait que répondre devant un tel désarroi.
Son aîné vint alors effleurer son épaule de ses larges ailes, en guise d'encouragement.
Une larme perla dans le regard vert de l'ange et sur un ton guerrier vaincu, il lui répondit :

- Voyez vous même, je ne suis qu'un piètre jardinier !
- Mais, qu'as-tu fait des graines que nous t'avions confié pour ton beau voyage ? Les as-tu plantées ? , lui demanda Gabriel.
- Oh ! Les graines ! Il y a fort longtemps, un être malin me les a échangées, et les nouvelles n'ont donné que des mauvaises herbes. Elles ont tout envahi, tout détruit. Je me suis débarrassé de quelques unes, mais il en reste qui étouffent mon jardin ! Je suis triste et sans espoir !
Mais si mes oiseaux trouvent leur bonheur dans mon jardin, alors le reste n'a que peu d'importance !
- Comment ?! lui répondit Gabriel surpris par tant de tristesse.
Et ton bonheur à toi, si tu ne le cultives pas, il ne peut pas poussé tout seul ! Le bonheur est tel une fleur !
N'as-tu pas envie de voir la plus belle fleur du monde pousser dans ton jardin ?... Et si je t'offrais sa semence, penses-tu que tu pourrais la cultiver ?
....