samedi 14 février 2009

Une rose pour son coeur [ventricule droit]

... Alors que son regard était perdu dans le champ coloré et odorant de la petite marchande de fleurs, une voix l'interpella. Soudain expulsée de sa rêverie avec un sentiment de soulagement mêlé de surprise ; le nuage s'était estompé mais un trouble s'installait. La voix se fit de nouveau entendre :
"- Pourquoi es-tu si triste ?"
Définitivement exclue de sa sinistre pensée, elle regarda autour d'elle. Elle ne voyait personne qui puisse lui adresser la parole. De nouveau, elle entendit cette si petite voix venue des fleurs, puis se pencha vers elles et une petite rose blanche, seule dans un pot, lui fit "pssssit !".
Surprise, elle se crut folle, une fleur lui parlait !
"- Pourquoi es-tu si triste ?", lui redit la rose.
Alors, plus très sure de ses sens et encore moins de ses facultés, elle lui répondit :
"- Aujourd'hui, c'est la fête de l'Amour et je n'ai pas d'amoureux, je n'aurais pas cette joie qu'on les amoureux de partager un beau moment."

La petite rose perdit alors son beau sourire. Compatissante, elle la laissa quelques instants à ses pensées, à son errance visuelle qui flânait le long de l'étal coloré.
Puis se redressant sur sa tige, gonflant ses pétales, se faisant belle et dans un élan, elle lança :
"- Offre moi !"
- Quoi ! lui répondit la jeune femme.
- Offre moi ! Je suis sûre que tu connais quelqu'un à qui tu aimerais dire je t'aime.
Elle la regardait songeuse, ses pensée volaient vers ce jeune homme...
- S'il te plait, offre moi !, lui dit une nouvelle fois la petite rose
- Non, je n'ai pas d'amoureux, lui répondit la jeune femme, légèrement agacée par cette insistance et par la situation qui la chagrinait un peu plus.
- Alors, s'il te plait, ferme les yeux. Écoute ton cœur battre, écoute le te dire... ce que tu n'entends pas. Prends le temps d'écouter, lui dit la fleur.

La jeune femme s'exécuta, se sentant particulièrement ridicule et pensant que ses dernières facultés venaient de la quitter. Le doux parfum des fleurs accompagna son écoute. Les battements de son cœur avaient la régularité d'un métronome, l'afflux sanguin se synchronisait, tout à l'unisson.
Elle écoutait son cœur rythmer la vie qui allait et venait dans ses veines, qui investissait son corps à chaque battement. Elle écoutait mais il n'y avait rien plus qu'un cœur qui battait.
Elle ouvrit les yeux et regarda la rose avec désappointement.
- Écoute ton cœur, subtil et évanescent, lui dit doucement la rose.
De nouveau, elle ferma les yeux sur une larme qui perlait, elle n'était plus à ça prêt, se disait-elle, seule et ridicule !

Le battements, le flux, l'abandon eurent raison d'elle. Elle céda à toutes tensions. Emportée de nouveau par les parfums envoutants et délicats, et dans un calme profond, le rythme régulier de son cœur lui laissant entendre une douce mélodie. Il lui disait :
"- Je t'aime, je t'aime, je t'aime..."

Sa larme ne perlait plus, elle coulait le long de sa joue, non plus de tristesse, mais de joie. Elle en appela d'autres, un sourire vint s'accrocher aux gouttes de bonheur salé.
Émue, à demi mot, la jeune femme remercia la petite rose en la prenant avec délicatesse.
Elle entra dans la boutique et demanda à la petite marchande de fleurs, le plus bel emballage et paya.

Elle sortit avec un magnifique sourire, et s'offrit cette rose.

1 commentaire:

Seb! a dit…

Délicat...
Magique...
l'esprit de Cupidon plâne sur cette histoire et dans le coeur de cette rose à la compassion infinie...
Magnifique histoire *****