mardi 24 février 2009

Faits divers

"Oh ! Vous savez c'était une fille discrète et sans histoire. C'est triste, une si gentille fille !"...

Cette nuit là, quelqu'un s'était infiltré chez elle.
Paisiblement endormie, nue dans la douceur de ses draps en polaire, elle avait entendu du bruit. Elle pensait avoir rêver, il y a toujours tellement de bruits bizarres dans ces vieilles maisons !
Mais pour s'en assurer, elle alla dans la salle de bain, et constata que le portail était ouvert... Elle resta pétrifiée, se demandant si elle l'avait mal fermé ou si dans la pire des hypothèses, quelqu'un était entré.

Elle rassembla ce qu'il lui restait de courage.
Ses jambes vacillaient, la descente des escaliers lui parut interminable, une descente aux odeurs de souffre.
Elle n'y voyait rien, pourtant elle sentait sa présence.
La gorge serrée, asséchée par l'effroi qui l'envahissait, elle savait qu'elle ne pourrait crier, qu'elle ne pourrait pas même prononcer un mot pour arrêter l'intrus. Et quand bien même à quoi bon crier, dans cette campagne inhabitée. Son cœur battait à tout rompre, elle avait le sentiment que l'autre l'entendait.

Elle entrouvrit les rideaux de la cuisine. Il était là et l'attendait serein.
Cagoulé et vêtu de noir, ses yeux de braise semblaient briller dans la pénombre. Son imposante stature la fit vaciller. Un corps parfait. Mille questions lui venaient à l'esprit.
Dans le plus grand calme et la plus grande douceur, il s'approcha d'elle. Elle écarquilla ses yeux d'horreur, voulut crier mais pas un son ne sortit, l'effroi la paralysait. Ses pas ne faisaient pas de bruit, elle ne percevait pas même le frottement d'un vêtement, il se déplaçait tel un félin.
Il allait et venait autour d'elle, l'effleurait comme un prédateur rôde autour de sa proie. Il sentait les moindres frémissements de sa peau, il humait les plus intimes effluves qui trahissaient sa terreur.
Tout d'un coup, d'un geste d'une extrême précision, il la saisit par le cou, plaqua son corps contre le sien, de manière à ce qu'elle ne puisse plus bouger. Pétrifiée, elle n'offrit aucune résistance.
Il ne bougeait pas, se délectant du doux contact. Elle n'avait eu le temps d'enfiler qu'une chemise légère. Sa sueur se mêlait aux restes de son parfum délicat, qu'il avait eu l'occasion de sentir quelques jours auparavant, dans une bousculade au coin de la rue des Vignes.
L'instant lui sembla magique et éternel.
Ainsi calés, elle sentit son souffle chaud envelopper la naissance de sa nuque et le froid du canon sur sa tempe...

Son cœur cessa de battre, son esprit ivre de panique plongea dans une troublante quiétude.
Elle allait mourir.

Paisiblement, l'homme enleva le cran de sécurité, la balle monta dans le chargeur. L'imposant silence lui paraissait à la fois irréel et cérémonieux.
Le clic du chargeur qui libère la balle dans le silence de la cuisine, le froid de la maison, la chaleur de son corps, sa terreur, paradoxalement l'apaisèrent.
Elle sentit son corps se tendre, il appuya sur la détente...

Une brutale détonation.
Une atroce douleur irradia le côté de gauche de son crâne, elle tomba.
Elle sentit son sang couler, ce liquide chaud et visqueux.
Sensation agréable, celle d'une vie quittant un corps tout en douceur.
Avec la délicatesse d'un amant, il cueillit ce corps qui lui avait procuré tous les plaisirs de la terreur.
Il la coucha dans ses draps, et referma le portail.

1 commentaire:

Seb! a dit…

Assurément... torride !!!