Le jour suivant, il commença à prendre soin de la boue.
Avec une extrême précaution, il la mettait au soleil. Au plus fort de la journée, il la mettait à l'ombre et ainsi de suite. Il lui parlait, il briquait son pot. Il en oubliait tout le reste, la vie, les oiseaux, jusqu'à faire une totale abstraction de lui-même.
Les jours passèrent, puis les mois, les années, le pot ne donnait rien.
En lui même, il se disait que ce pot, c'était comme les graines... Rien ne pousse dans son jardin.
Assis sur les marches, il passait désormais ses journées à regarder le pot, et à regretter d'avoir consacrer tant de temps à de la boue ; temps qu'il aurait peut-être utiliser à fleurir son jardin autrement.
L'amertume et la tristesse l'avaient anéanti, lui le petit ange si joyeux.
Il voyait ses oiseaux se débattre dans les mauvaises herbes et son chagrin grandir, mais il était devenu incapable de surmonter une telle émotion.
Il était déçu et se débattait avec un sentiment d'abandon et de tromperie.
A ce moment, dans un grand fatras, il y eut un courant d'air si fort, qu'il souleva tout, une tempête à lui seul. Les oiseaux s'envolèrent affolés, le jardin sembla se soulever, les feuilles, les herbes, tout vola !
Il sortit de sa rêverie et aperçu l'impressionnant archange Gabriel.
Celui-ci constata la déconvenue et avec mansuétude, il consola l'ange dépourvu.
Dans un sanglot, l'ange lui dit :
"- Voyez que je ne suis qu'un piètre jardinier ! Voilà des années, que ce pot m' a été confié et constatez que nulle beauté n'a éclos ! Vous aviez confiance en moi et aujourd'hui, je vous déçois !
- Oh ! mais c'est ce que tu crois, parce que c'est ce que tu vois ! Tu ne me déçois pas, au contraire.
Sache que la beauté ne se voit pas toujours avec les yeux. Il est des beautés que l'on ne voit qu'avec le cœur ! Et je sais que tu as grand cœur, il te suffit de mieux regarder.
Si ta fleur n'a pas éclos, c'est qu'elle te savait très impatient, et ton impatience a affaibli ta foi. Tu désirais tellement la voir que tu en as oublié l'essentiel.
- L'essentiel ? Mais qu'est-ce que c'est ?
- L'essentiel, cher ange, c'est l'Amour !
L'amour de tes facultés, de tes dons, mais aussi de tes faiblesse et de tes défauts. L'Amour de Toi.
Lorsque je te demandait de traiter cette boue avec respect, je te demandais de te respecter toi-même. Lorsque je te demandais d'avoir de la compassion pour elle, je te demandais d'avoir de la compassion pour tes faiblesse et tes défaut, et enfin lorsque je te demandais de l'amour, je te demandais de te l'offrir à toi-même, lui confia Gabriel."
L'ange fondit en larmes, il suffisait de s' Aimer pour voir fleurir cette fleur ! Submergé par une lame de fond dévastatrice, il ne voulut plus regarder la vie. Il ferma ses ailes sur lui-même et resta ainsi le reste de la journée. Gabriel, sans un mot l'accompagna au travers de cet ouragan violent, car il savait ce que vivait l'ange.
Il fut patient et à la tombée du jour, il consola l'ange qui avait pleuré toute la journée.
"- Écoute-moi ange. Cette nuit, tu retrouveras la paix. Avant de dormir, aies une pensée pour toi. Penses à ce que tu as vécu, et tu comprendras, lui dit Gabriel."
Tourmenté qu'il était, l'ange ne pouvait dormir, et pensait à ces années d'errance et d'erreur.
Au matin, finalement épuisé, il s'assoupit. Gabriel attendit patiemment son réveil. Le premier rayon de soleil illuminait son visage, lorsque l'ange ouvrit les yeux.
L'ange eut un large sourire, ses yeux avaient le vert de son jardin, lumineux et profond à la fois.
Gabriel comprit alors, que l'ange avait vaincu une terrible nuit de tourment, et sortait victorieux de ses turpitudes.
L'amour coulait dans ses veines. La fleur avait fleuri.
samedi 7 février 2009
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6 commentaires:
J'en reste sans voix... superbe !
Tout pareil que Seb... C'est magnifique. Et tu vois, aujourd'hui, c'est ta fleur à toi qui me redonne de l'espoir à un moment où je n'en ai plus, moi, la jardinière à la main si verte... Merci petit ange.
Ps: Mon idée était différente. Je pensais que l'ange pétrirait une fleur avec la boue et qu'elle deviendrait vivante. Mais la suite que tu as choisie est bien plus porteuse , sa leçon bien plus profonde. Pour moi, ce conte a un vrai pouvoir thérapeuthique. J'applaudis de toutes mes plumes, en hommage aux tiennes.
Cher POP mille mercis pour tes beaux compliments.
C'est mon premier conte et s'il t'a plu et fait du bien, j'en suis profondément ravie.
Alors je me dis dit que si d'autres petits oiseaux ont besoin de réconfort, je souhaite qu'il la trouve comme tu l'as fait, dans le jardin de l'ange.
Je suis attristée de te savoir sans une belle jardinière à fleurir.
Petit oiseau de paradis, les beaux jours sont de retour et cette infertilité passagère ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Tes ailes sont fortes et bientôt elles te reporteront très haut dans la joie.
Ce que je te souhaite de tout cœur.
A bien vite.
P.-S. pour POP
j'ai oublié te dire que je te le dédiais, tu m'a donné l'idée suite à notre échange de courriel.
Il est pour toi !
merci beaucoup Sébastien
Merci pour tous ces cadeaux qui vont droit à mon coeur de petit oiseau transi. :)
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