dimanche 28 mars 2010

Le chemin du coeur, premier pas

Il était une fois, une poussière qui cheminait dans l’obscurité...

Cette pauvre petite poussière était née dans d'atroces conditions, il y a quelques décennies de cela. Elle avait vu le jour en Pologne, en plein cœur de l’hiver, dans un camp que l’on appelait à l’époque, de concentration…
Au début, elle n’était qu’une cendre comme les autres, ou presque. Son âme était lourde, emplie de cris, de peur, de douleurs, mais son cœur lui était pur et aimant. Elle était née de la souffrance humaine, la portait en elle, la vivait et ne souhaitait plus la vivre un seul instant.
Un jour, elle décida de s'élancer dans les airs et de se laisser porter aux grès des vents. Les autres la regardèrent s'envoler et prises d'effroi, elles lui clamèrent sa folie, mais rien n'y fit. Elle s'élança de plus belle et se perdit dans des années d’errance venteuse, avec le précieux espoir de perdre ses origines et de devenir poussière, mais pas n'importe quelle poussière, non une poussière d'étoile...
Malgré toute la violence de sa naissance, elle rêvait de devenir une étoile !

Son errance n'avait de fin. Elle allait de ci-de-là dans le ciel à la rencontre des étoiles, vers les plus belles, vers celles qui illuminaient le ciel et posait inlassablement et timidement la même question :
« Excusez-moi belles étoiles du ciel, comment fait-on pour devenir une étoile ? »
Bien souvent les belles étoiles du ciel se tournaient vers elle ; puis souriaient de la voir si triste dans son habit de poussière. Devant leur insondable silence, la petite poussière continuait son voyage céleste.

Un jour, lassée de ces silences, elle décida de voler dans le ciel des hommes. Peut-être serait-elle plus chanceuse ?! Peut-être que quelqu’un répondrait à sa question ?!
Elle s’était assoupie sur les bords d’une rivière, le clapotis de l’eau l’avait apaisée, lorsqu'elle croisa le premier humain, un petit marchand de chocolats.
Il s’approcha de sa petite mine bien triste en lui tendant un chocolat. Elle lui fit non de la tête.
« Comment, tu refuses mon chocolat ? D’ordinaire les gens tristes le prennent sans rechigner et s’en réjouissent, pourquoi pas toi ? Que veux-tu d’autre, le chocolat c’est bon ?! », dit-il en allant s’assoir déçu.
Alors timidement la petite poussière lui dit :
« Je veux savoir comment on devient une étoile, Monsieur ».
« Oh !!!! Quelle question ! Heu ! Tu sais, je crois que c’est un peu compliqué. Tu dois prouver que tu es digne d’être une étoile. Il te faudra aussi être forte et courageuse. »
« Mais où dois-je me aller pour devenir une étoile ? », lui répondit-elle, ravie d'entendre quelqu'un satisfaire sa curiosité !
« Et bien, laisse moi réfléchir… Je ne suis plus très sûr, mais je me souviens que les poussières doivent se présenter à la porte des étoiles et taper trois fois, enfin quelque chose comme ça ! »
« Mais où se trouve cette porte, aidez moi, s’il vous plait ! »
« Heu ! Je suis désolé, je ne me souviens plus ! Mais, vas voir le Maître des Chiffres, il te le dira lui, c’est un savant personnage. Pour le trouver, suis le chemin de fer en direction de ouest et arrête toi à la place ronde, il viendra te chercher. »

Elle ne perdit pas une seconde et partit vers ouest comme le lui avait dit le petit marchand de chocolats. Elle allait à contre vent, cela lui était pénible et difficile, mais elle ne reculerait devant rien pour parvenir à son rêve. Le Maître des Chiffres allait l’aider !

Comme il le lui fut dit, le Maître des Chiffres l’attendait sur la place ronde. Il était grand, très grand, mais son doux regard ôta toute inquiétude. Sa voix bienveillante vint rompre le silence de la rencontre.
« On m’a dit que tu désirais me voir, afin que je t’enseigne le chemin de la porte des étoiles ! Mais je ne peux t’aider, seule la femme aux oiseaux pourra te le dire. Je vais la prévenir de ton arrivée. Pars vers le sud et aies foi en ton âme ! Si tu dois devenir une étoile, alors tu deviendras une étoile, le temps n’a d’importance. »

Elle ne se laissa pas le temps d'être déçue par la réponse du Maître de Chiffres et partit aussitôt en direction du sud, afin de trouver la femme aux oiseaux.
Elle aussi l’attendait. Elle l’accueillit à bras ouverts comme accueille une amie que l’on n’a pas vu depuis des années. Tout était doux chez elle, ses gestes, sa voix, son regard. La poussière n’en croyait pas ses yeux, il y avait des oiseaux par centaines, de toutes couleurs, se baignant dans une fontaine, picorant dans ses mains, perchés sur les arbres et chantants.

D’une douce voix, la femme aux oiseaux lui dit :
« Pour commencer, devenir une étoile, c’est être digne de recevoir la lumière. Devenir une étoile, c'est être digne de recevoir la connaissance puis être digne de guider les Hommes.
Je vais te donner un conseil petite poussière. Fais le tour de la terre, rencontre de belles étoiles qui t'ouvriront leur cœur et écoute ce qu'elles ont à dire. Ensuite si tu le désires toujours, trouve la porte de étoiles et lorsque tu l’auras trouvée, tape trois grands coups. Alors une étoile t’ouvrira, et tu seras reçue par le Maître soleil ! La porte est difficile à trouver, car elle n'est pas visible, seul ton cœur pur la trouvera si tu en es digne. »

La femme aux oiseaux parla ainsi pendant des heures. La petite poussière buvait ses paroles. A entendre ses dires, elle comprit que les étoiles ne pouvaient entendre sa demande, car il n'y avait pas de demande à faire. Seul un cœur pur souhaitait en silence et seul un cœur pur ouvrait la porte des étoiles. Le silence était l'humilité de sa demande. Le silence était le sésame de la porte.
Elle allait devoir être patiente, très patiente. Remplie d'espoir, elle reprit le chemin céleste.

Le passage intersidéral de la quête
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4 commentaires:

Seb! a dit…

C'est marrant d'avoir parlé de cette histoire ensemble et de la voir maintenant dans son écrin d'écriture qui lui va si bien. Belle histoire à suivre ;-)

Pop ! a dit…

Non seulement tu m'embarques mais cette fois encore ton histoire m'a donné le frisson... c'est comme quand j'écoute une musique qui me touche, ça me dresse le poil, -enfin, les plumes... Et tu sais quoi ? Il n'y a que très peu d'auteurs qui me font cet effet là. ;-)

un ange passe a dit…

@POP : wouah ! merci pour ce maudit beau compliment !!!
j'espère ne pas te décevoir avec la suite et fin ! J'ai tout d'un coup la pression ;-)
@Seb : et lorsque que l'on en parlait, le côté obscur de ma matière grise se délectait de notre rencontre afin d'en nourrir la suite du conte... Il ne faut jamais manquer une occasion d'avoir une idée ! ;-) hihi ! (en forme de sourire d'ange, tu sais ce que c'est maintenant !)

Pop ! a dit…

Je relis le début pour reprendre contact avec l'histoire en entier, hé bien, tu sais quoi ? Ca me le refait ! Frissons tout du long et de plus en plus forts à la fin du passage !